A l’origine de l’œuvre Don Bosco de Landser.
A la fin de l’année 1928 des négociations entre les Salésiens de Don Bosco, représentés par le Père Kolmer et la fondation Laillier-Ruell, présidée par l’évêque de Strasbourg Mgr Ruch, aboutissent à la mise à la disposition des Salésiens d’un ensemble de biens situés à Landser et dans les environs : cet ensemble se compose d’une maison d’habitation située au centre du village, d’une ferme appelée « Klostermühle » et de 72 hectares de terres. Cette installation est l’aboutissement d’un généreux projet voulu par une habitante de Landser, Mme Léontine Laillier née Ruell, et réalisée grâce à l’énergie déployée par un jeune salésien alsacien, Victor Kolmer.
Mme Léontine Laillier connut Don Bosco lorsque celui-ci effectua son voyage à Paris en 1883 et faisait partie d’un de ses groupes d’admirateurs et de bienfaiteurs présents en Alsace dès cette époque-là. Vers la fin de sa vie elle cherche à transmettre ses biens aux Salésiens mais toutes ses tentatives restent vaines : avant 1914 elle se trouve confrontée au refus catégorique des autorités allemandes de voir s’installer une congrégation religieuse étrangère en Alsace ; après 1919 c’est le manque de religieux, décimés par la Grande Guerre, qui empêche le Provincial des Salésiens de répondre favorablement à cette demande. C’est pourquoi Mme Laillier est amenée à s’adresser à l’évêque de Strasbourg, Mgr Ruch, et à transmettre ses biens en 1923 à une fondation au profit d’une « œuvre semblable à celle de Don Bosco, destinée à l’éducation d’enfants pauvres, surtout de ceux qui veulent se faire prêtres ».
En 1927 cependant la situation commence à s’améliorer pour les Salésiens qui peuvent envoyer un jeune prêtre originaire de la région, Victor Kolmer, pour prendre contact puis préparer l’installation des fils de Don Bosco à Landser, selon le souhait de Mme Laillier. Pour Noël 1928 le Père Kolmer peut annoncer dans une première circulaire adressée aux nombreux « coopérateurs, coopératrices amis et admirateurs des œuvres de Don Bosco » la « fondation d’un Institut Don Bosco en Alsace » à Landser qui deviendra donc effective au mois de mars suivant.
Au niveau juridique l’ensemble des biens de la fondation sera officiellement confié à l’association « Oeuvre Don Bosco » par un bail emphytéotique de 99 ans, en juillet 1938.
La famille Wendling – Ruell – Laillier
Mme Léontine Laillier née Ruell est la descendante d’une riche famille de notables, les Wendling, installée à Landser depuis plusieurs générations. A la tête d’une importante étude notariale déjà sous l’Ancien Régime, ses membres se sont constitués une importante fortune foncière et immobilière. Ils étaient installés dans une vaste demeure sur la place de Landser sur laquelle on retrouvait leurs armoiries.
Léontine était avec sa sœur Angéline la dernière représentante de la branche landséroise de cette famille. Elle est née en 1845 et s’est mariée à un industriel parisien, Ernest Laillier, mais n’aura pas d’enfants, ce qui explique sa volonté de transmettre ses biens aux Salésiens. Elle est décédée à Landser le 31 juillet 1923 à l’âge de 78 ans et est enterrée dans le « carré Wendling » devant l’église paroissiale. Sa sœur Angéline Cuënot d’Alaize, établie à Wittenheim, est quant à elle à l’origine de l’œuvre Don Bosco des Sœurs Salésiennes de Wittenheim.
Le Père Victor Kolmer
Né à Schirrheim dans le Bas-Rhin en 1888, Victor Kolmer est le véritable fondateur de l’œuvre salésienne en Alsace. Rentré chez les Salésiens de Don Bosco en Belgique en 1902 il est ordonné prêtre en juillet 1914. Après la guerre, durant laquelle il a servi comme infirmier puis comme aumônier dans l’armée allemande, il retourne en Belgique. En 1927 il est envoyé en Alsace et fonde la maison de Landser qu’il dirige jusqu ‘en 1937. Réfugié à Ressins durant la Seconde Guerre Mondiale il prendra en charge de jeunes juifs qu’il sauvera d’une rafle nazie, ce qui lui vaudra de recevoir à titre posthume la médaille de Yad Vashem et le titre de « juste parmi les nations ». Revenu en Alsace pour remettre en état la maison de Landser, il se consacrera au début des années 50 à la fondation d’une paroisse dans le quartier du Drouot à Mulhouse. Il est décédé à Strasbourg en 1972.
Les débuts « héroïques » 1929-1939
Lorsque le Père Kolmer s’installe à Landser en mars 1929, tout est à faire et les obstacles à surmonter sont énormes. Dans une lettre circulaire d’avril 1932 il qualifie lui-même ces débuts « d’héroïques » et avoue que depuis son installation l’œuvre « a été plusieurs fois entre la vie et la mort ». Il s’agit d’abord de reprendre en main l’exploitation de la ferme et pour cela acheter des bêtes et du matériel et engager du personnel ; il faut ensuite aménager l’ancienne demeure des Wendling pour pouvoir y accueillir des jeunes ; il faut enfin obtenir l’autorisation des autorités pour ouvrir une école d’agriculture : seule une école d’hiver, c’est-à-dire fonctionnant de novembre à mars, est finalement autorisée par la préfecture.
Avec l’aide du Père Schwartz et du Père Zilliox, arrivés de Belgique en 1930, le Père Kolmer se démène sur tous les fronts et à l’automne 1931 la première classe de la section agricole, composée de 8 élèves (7 externes et 1 interne), est ouverte. Elle sera complétée par une section horticole puis par une section « classique » (ouverture d’une classe de 6ème en 1937 et d’une classe de 5ème en 1938). Les effectifs grimpent rapidement (19 élèves en 1932-33, 26 en 1933-34) puis se stabilisent entre 30 et 40 élèves jusqu’en 1939.
L’énergie déployée par le Père Kolmer, notamment pour recueillir des fonds auprès des bienfaiteurs, permet de nouvelles initiatives : achat du jardin de « l’Ewigkeitsgarten » en 1932 et construction, à partir de 1937, d’un bâtiment moderne pour accueillir les élèves dans de meilleures conditions. Il sera achevé sous l’impulsion du Père Théodore Weiss, qui a remplacé le Père Kolmer en 1937, et béni par Mgr Ruch en mars 1939.
Durant ces 10 premières années de présence à Landser l’activité des Salésiens ne s’est pas limitée au domaine scolaire. Dès son arrivée en 1930 le Père Zilliox va animer un patronage qui regroupera, le dimanche après les Vêpres, jusqu’à une centaine de jeunes de Landser et des villages environnants : jeux de plein air et parties de foot se succédaient durant tout l’après-midi qui se terminait par un temps de prière à la chapelle.
Les années sombres (1939-1945) et la « refondation » (1945-début des années 5O)
Le nouveau bâtiment inauguré en 1939 n’aura pas le temps de servir pour les élèves. La guerre qui éclate en septembre 1939 empêche la rentrée des classes. Les bâtiments de la ferme et de l’école sont occupés par des troupes françaises jusqu ‘en juin 1940. Après l’annexion de l’Alsace, les nazis confisquent les bâtiments et l’ensemble du domaine comme « bien d’ennemi de la nation allemande » et les Salésiens encore présents sont obligés de partir.
Pendant plus de 4 ans (juillet 1940-novembre 1944) l’école sera occupée par des troupes allemandes ou des organisations nazies (d’abord une compagnie du génie qui procédait à des opérations de déminage dans la région, puis des groupes de jeunes enrôlés dans le cadre du service obligatoire du travail, enfin une école d’officiers pour sous-mariniers !). La ferme quant à elle est exploitée par des gérants nommés par les nazis. Après la libération de Landser en novembre 1944, ce sont de nouveau des troupes françaises (tirailleurs marocains) qui occupent les locaux, provoquant d’importantes dégradations au nouveau bâtiment.
Le Père Kolmer, à nouveau nommé comme directeur par ses supérieurs, est revenu à Landser au début de 1945 en compagnie de quelques jeunes Salésiens dont le Père Berger. Ils vont procéder à une véritable « refondation » de la maison de Landser. En effet, tout est à refaire. Si quelques meubles de l’école, quelques objets du culte et un peu de matériel de la ferme a pu être caché au début de la guerre, la majeure partie des meubles, du matériel scolaire et agricole et du cheptel a été réquisitionnée, volée, vendue, dilapidée… Il faut donc relancer l’activité de la ferme et remettre en état les bâtiments pour pouvoir accueillir à nouveau rapidement des jeunes. Mais alors que dans une lettre de novembre 1944 à l’évêque de Strasbourg le Père Kolmer pensait encore rouvrir une section agricole et horticole, les circonstances vont l’amener à prendre une initiative originale, qui permettra un rapide renouveau de la maison de Landser. A l’automne 1945 il ouvre 2 classes de Certificat d’Etudes (80 élèves) pour permettre aux jeunes de la région âgés de 14, 15 ou 16 ans, qui n’avaient pratiquement connu que l’école allemande, de se remettre à niveau en Français. A partir de la rentrée 1946 la section Primaire (2 classes de 7ème) est complétée par une section Secondaire (d’abord 2 classes de 6ème, puis ouverture d’une classe de 5ème en 1948-49 et d’une classe de 4ème en 1950-51). A partir de ce moment-là et jusqu’à la fin des années 50 les effectifs se situeront autour d’une centaine d’élèves. Autre nouveauté : l’équipe éducative formée par les Salésiens ( les « Pères » c’est-à-dire les prêtres et les « abbés », les jeunes en formation) est complétée par quelques professeurs laïcs qui passeront l’essentiel ou la totalité de leur carrière à Landser ( MM. Dentzer, Harnist, Rencker). En 1951 le Père Kolmer, appelé à d’autres tâches, est à nouveau remplacé par le Père Weiss qui dirigera l’établissement jusqu’en 1953.
Le temps de l’internat (début des années 50 – fin des années 70)
–> Les agrandissements et aménagements
Après la période de relance de l’école durant les années d’après-guerre, l’Institut Don Bosco voit la notoriété de son internat s’affirmer durant les 3 décennies qui suivent, ce qui lui vaut un important développement des effectifs mais nécessite aussi l’agrandissement des infrastructures.
Ce dynamisme est d’abord lié à la présence à la tête de l’établissement, comme directeurs ou comme économes, d’une jeune génération de Salésiens, originaires de la région, qui font preuve d’un exceptionnel esprit d’entreprise et de remarquables qualités d’organisateurs. Il s’agit en particulier du Père Berger, sui assure la fonction de directeur de 1953 à 1962, du Père Klenck, directeur de 1962 à 1968, et du Père Hartmann, d’abord économe puis directeur à partir de la rentrée 1968. Ils pourront s’appuyer sur une communauté salésienne étoffée qui assurera un enseignement de qualité à des classes de plus en plus nombreuses.
Les niveaux d’enseignement assurés à Landser s’élargissent en effet dans les années 50. On complète d’abord le collège en ouvrant une classe de 3ème en 1954. A partir de 1958 on ouvre chaque année une nouvelle classe de lycée et c’est donc en juin 1961 que la première promotion de bacheliers sort de l’établissement. Dans les années 60, les transformations du monde agricole se traduisent par une forte demande de formation dans ce domaine ; une section agricole sera donc rouverte et fonctionnera grâce à quelques intervenants extérieurs tout en s’appuyant pour la pratique sur la ferme qui se spécialise alors dans l’élevage laitier. Le manque de soutien des pouvoirs publics entraîne malheureusement la fermeture de cette section agricole en 1972.
La période des années 50 et 60 est celle des bâtisseurs. Pour loger, nourrir, éduquer, divertir ces jeunes internes, il faut des infrastructures importantes. Le bâtiment construit avant-guerre s’avère vite insuffisant alors que l’ancienne maison Wendling est vétuste et inadaptée. Les chantiers vont alors se succéder à un rythme effréné. Chez Don Bosco, Dieu étant toujours le premier servi, c’est la construction de la chapelle qui est d’abord entreprise à partir de 1954. En 1957 on pose la première pierre d’un nouveau bâtiment qui occupera en grande partie l’emplacement de l’ancienne maison Wendling (démolie en 1958) et qui sera relié au bâtiment de 1937. Le chantier dure près de 3 ans ; on y aménage des dortoirs, le réfectoire, les cuisines, des locaux administratifs… bref des installations modernes et confortables pour tous. Dans la foulée, en 1961-62 on aménage la cour et on construit le hall de sport. Après le chantier de l’agrandissement de la chapelle en 1963-64 on entame la construction du bâtiment laboratoire en 1964.
La chapelle St Dominique Savio
Cette année du 75ème anniversaire de la maison Don Bosco de Landser correspond aussi au 50ème anniversaire de la construction de notre chapelle. Après le creusement des fondations par les élèves eux-mêmes, la première pierre de la chapelle est posée le 7 juin 1954. Elle est consacrée à Saint Dominique Savio, qui était canonisé le jour même à Rome, et devient donc la première chapelle érigée dans le monde en l’honneur de ce jeune saint de 15 ans, élève de Don Bosco à Turin. Elle est réalisée dans un style moderne d’après les plans de l’architecte colmarien Muller, avec une nef lumineuse éclairée par des verrières hautes aux couleurs vives. La chapelle a été bénie solennellement par Mgr Maurer, vicaire général, le lundi de Pentecôte 1956. Elle a été progressivement décorée et meublée dans un style toujours très moderne par des artistes de talent : l’autel de grès décoré des symboles des 12 apôtres a été sculpté par maître Erny de Strasbourg, le tabernacle, finement ciselé, est du à un maître orfèvre suisse alors que les différentes stations en bois du chemin de croix, très sobres mais émouvantes, ont été réalisées par Françoise Haas de Sierentz. Le plafond en bois du chœur et de la nef ainsi que l’immense retable qui occupe presque tout le mur du chœur ont été peints par l’artiste parisien Charles Sahuget ; l’immense Christ en majesté aux traits ascétiques ainsi que les autres tableaux de ce retable sont vraisemblablement restés gravés dans les mémoires de tous les jeunes qui ont fréquenté l’établissement. La façade principale donnant sur la cour avait également été décorée d’une fresque par un artiste lyonnais ; malheureusement celle-ci disparaîtra lorsque la chapelle, s’avérant déjà trop petite, sera rallongée de 2 travées, d’une tribune et d’un narthex en 1963. Sur la tribune sera installé un orgue construit par le facteur d’orgue Schwenkedel.
–> le vie à l’internat
Ces agrandissements et aménagements successifs permettront une forte augmentation des effectifs. Alors qu’ils culminaient autour d’une centaine d’élèves jusqu’en 1958-59, la mise en service progressive du nouveau bâtiment avec ses dortoirs et le réfectoire permet de passer à plus de 200 élèves en 1961-62 ; à la fin des années 60 on approche le chiffre de 300 élèves presque tous internes. Le recrutement s’est considérablement élargi et est devenu largement régional : on vient de la région mulhousienne et du Sundgau, mais aussi des différentes vallées, de la région colmarienne ainsi que du Bas-Rhin, voire de la Moselle. C’est alors « l’âge d’or » de l’internat avec un retour en famille seulement tous les 15 jours ou 3 semaines. La journée était partagée entre travail (heures de cours et études), détente (en particulier le grand jeu par classe lors de la récréation de midi) et exercices spirituels (messe matinale, prières avant et après les repas, prière du soir ponctuée par le « mot du soir » du directeur ou d’un membre de la communauté…). Ce rythme était légèrement modifié les dimanches avec la grand’ messe en fin de matinée (rehaussée par des chants à 4 voix qui avaient nécessité la veille et pendant la semaine de multiples répétitions ou « classes de chant ») et différentes activités de loisirs (en particulier la projection d’un film sur grand écran dans le hall en soirée). Les grandes fêtes salésiennes (fête de l’Immaculée Conception le 8 décembre et de Marie Auxiliatrice le 24 mai, fête de St Jean Bosco le 31 janvier…) étaient préparées et célébrées avec ferveur (neuvaine, confessions, grande messe solennelle) et dans la joie (avec la grande après-midi récréative durant laquelle se succédaient sketchs, prestations musicales avec notamment l’orchestre des lycéens et représentations théâtrales). Pendant toute cette période le nombre de laïcs qui encadrait ces jeunes restait limité. L’internat fonctionnait essentiellement grâce à une communauté salésienne nombreuse (13 à 18 « pères » et « abbés » durant les années 60) qui assurait à la fois l’enseignement, la surveillance, l’animation spirituelle et l’animation des moments de détente. L’objectif était comme dans toutes les maisons de Don Bosco d’assurer la formation intellectuelle et humaine des jeunes (former « d’honnêtes citoyens ») mais aussi leur épanouissement spirituel (en faire « de bons chrétiens ») et de susciter des vocations.
Don Bosco Landser, une maison de vocation
Dans son acte de donation Mme Laillier-Ruell entendait affecter ses biens « à la formation de la jeunesse qui se consacre au sacerdoce ». Cet objectif sera repris par le Père Kolmer et les Salésiens à partir du moment où ils auront en charge cette fondation. Dès les premières années des vocations religieuses et sacerdotales se développent et s’épanouissent dans la maison de Landser. Elles se multiplient après la guerre et jusqu’à la fin des années 60. Par la suite leur nombre a diminué mais l’accompagnement des vocations est toujours resté une des préoccupations des responsables de la maison. Quand les études à Landser s’arrêtaient en 4ème ou en 3ème, ces jeunes poursuivaient leur scolarité dans d’autres établissements salésiens, notamment à Heyrieux près de Lyon. Beaucoup de ces jeunes, subjugués par la figure de Don Bosco et imprégnés de ses principes s’engageront dans la congrégation salésienne. On compte aujourd’hui dans la province salésienne de France 30 religieux et prêtres salésiens qui ont fréquenté l’école de Landser. D’autres jeunes ont, après leurs études à Landser, rejoint le séminaire de Strasbourg et se sont engagés comme prêtres diocésains. Dans tous les cas les ordinations ou les premières messes célébrées à la chapelle ou à l’église paroissiale de Landser ont constitué des moments forts pour l’établissement.
Si dans les années 70 l’internat est à son apogée du point de vue du nombre, c’est aussi le temps des premières adaptations. Suite à la loi Debré de 1959 l’enseignement catholique va progressivement s’engager dans la signature de contrats avec l’Etat. A Don Bosco Landser l’ensemble des classes est sous contrat avec l’Etat à partir de la rentrée 1968-69. Cela explique la forte augmentation du nombre de professeurs laïcs à partir de cette époque : alors que depuis 1946 leur nombre se limitait à 4 ou 5, on passe à 10 professeurs laïcs à la rentrée de 1970 et à 19 en 1972 ; on voit alors arriver dans l’établissement des jeunes professeurs qui pour la plupart sont toujours présents aujourd’hui. A partir de 1975 c’est aussi la fonction d’économe qui sera occupée par un laïc en la personne de M. Adrian qui se charge aussi de l’administration de la ferme qui s’est orientée vers la culture céréalière. Les transformations du mode de vie et la diminution du nombre de salésiens présents dans l’établissement entraînent également une adaptation de l’internat. Désormais les élèves partent en week-end chaque semaine et l’internat des lycéens est révolutionné : en 1971 on construit en effet dans « l’Ewigkeitsgarta » 8 pavillons ou chalets comprenant chacun 8 chambres individuelles avec toutes les commodités (bureau, douche, w.c…) organisées autour d’une « salle commune ». Cette structure vise à favoriser à la fois le travail individuel et la vie en équipe en faisant appel au sens de la responsabilité. Elle permet une nouvelle augmentation des effectifs (on compte en 1979-80 352 élèves dont près de 300 internes) mais ne sera pas suffisante pour pérenniser le système de l’internat.
La présence salésienne en Alsace
Si Don Bosco Landser a été la 1ère implantation salésienne en Alsace, elle n’est pas restée isolée. D’autres lieux et d’autres structures ont été crées et cherchent à prolonger l’action et à transmettre l’esprit de Don Bosco dans la région.
Lié directement à l’œuvre de Landser, il y a le village de vacances « Joie et Santé » de Ferrette, construit à partir de 1955. La colonie a accueilli chaque été pendant plusieurs décennies des centaines de jeunes garçons et filles : cette activité a décliné mais le centre, dirigé par le P. Enger, continue d’accueillir pendant toute l’année des groupes (classes vertes, mouvements de jeunes, groupes d’aumônerie…) qui trouvent là une ambiance et un cadre particulièrement chaleureux.
A la demande de l’évêque de Strasbourg les Salésiens se sont aussi investis, à partir des années 50, au niveau de la pastorale paroissiale dans les nouveaux quartiers ouvriers des grandes villes alsaciennes. C’est ainsi que le P. Kolmer, quittant ses fonctions de directeur de Landser en 1951, a fondé et dirigé la paroisse St Jean Bosco dans le quartier du Drouot à Mulhouse. De même le P. Berger a fondé en 1963 une nouvelle paroisse dans le quartier de Strasbourg-Koenigshoffen. Dans les 2 cas les fondateurs et leurs successeurs ont réalisé une œuvre immense au niveau pastoral mais aussi au niveau social et culturel : construction d’une église, de foyers et de centres culturels, création et animation de mouvements de jeunesse… Les Salésiens, toujours en charge de ces paroisses, continuent d’assurer aujourd’hui dans ces quartiers une présence et des animations dans l’esprit de Don Bosco.
Le virage des années 80 et l’établissement actuel
–> Les adaptations des années 80
Les transformations de la société en général et du système scolaire en particulier, qui se sont accélérés à la fin des années 60 et dans les années 70, vont avoir des répercussions décisives sur le fonctionnement de l’établissement de Landser : l’allongement de la scolarité, l’accès de tous les jeunes au collège, la multiplication des collèges publics, la généralisation des transports scolaire mais aussi le recul de la pratique religieuse ou le développement des loisirs… vont faire que le système de l’internat, même s’il restait plébiscité par de nombreux parents, correspondait de moins en moins au mode de vie des jeunes de cette fin du 20ème siècle. Sous l’impulsion de l’équipe de direction, composée du P. Hartmann et du P. Enger, l’établissement va prendre au début des années 80 de nouvelles orientations qui lui permettront de répondre à des besoins nouveaux et qui transformeront de façon significative son organisation et son fonctionnement. Cela ne se traduira cependant pas par des changements brutaux ; l’évolution se fera tout en « douceur » sur une dizaine d’années.
La principale nouveauté consistera dans le développement de la demi-pension au détriment de l’internat. Si le nombre de demi-pensionnaires a déjà commencé à augmenter les années précédentes, c’est avec la mise en place du 1er bus de transport scolaire à la rentrée de septembre 1982 que le pas décisif est franchi. Ce réseau de transport scolaire va rapidement s’étendre et s’étoffer au cours des années suivantes : 5 bus circulaient déjà quotidiennement en 1986-87, 10 en 1989-90 et 13 à partir de 1993. Le nombre des élèves demi-pensionnaires va littéralement « exploser » au cours des années 80 alors que le nombres des internes va diminuer rapidement : on comptait 235 élèves internes en 1980-81, encore 198 en 1984-85 mais plus que 33 en 1989-90. L’internat a définitivement fermé en juin 1994. L’autre grande nouveauté, possible avec le développement de la demi-pension, sera l’introduction de la mixité : une première fille est accueillie au lycée à la rentrée de 1981 ; il y en aura 11 au collège et au lycée en 1982 et déjà plus de 100 en 1985 (23 % des effectifs) ; à partir des années 90 les filles représentent plus de 40 % du total des élèves. Ces changements expliquent la progression spectaculaire du nombre des élèves durant cette période : alors qu’on se situait entre 300 et 350 élèves au début des années 80, on atteint la barre des 600 élèves en 1990 et celle des 700 en 1995. Cette progression concerne aussi bien le collège, où on passe progressivement de 2 à 4 classes par niveau, que le lycée dont les effectifs ont été multipliés par 4 et où on prépare à un Bac économique (Bac B devenu Bac ES) ou à un Bac scientifique (Bac C et D devenus Bac S). Dans le même temps l’équipe éducative s’est considérablement étoffée, atteignant près d’une cinquantaine de professeurs, presque tous laïcs. La fonction de direction est également revenue à un laïc à partir de la rentrée 1999, en la personne de M. Werner.
Cette progression des effectifs s’accompagne de nouveaux besoins en locaux, notamment en salles de classe et en salles d’étude, puisque les jeunes sont présents dans l’établissement de 7 h 30 à 18 h 00. Les affectations des locaux existants vont souvent être modifiées : les grandes salles d’étude sont divisées en salles de classe, de nouvelles salles d’étude sont aménagées dans les anciens dortoirs… mais cela ne suffit pas. Il faut envisager de nouvelles constructions. Après avoir été gelés pendant quelques temps en raison des menaces qui pesaient sur l’enseignement privé au début des années 80, les chantiers redémarrent à partir de 1984. Pendant une quinzaine d’années ils se succèdent à un rythme rapproché sous la direction de M. ADRIAN en collaboration avec le cabinet d’architecture de M. VOGEL. On construit d’abord un nouveau hall de sport, attenant à celui qui existait, pour faire face aux besoins en matière de sport et de détente. En 1985, grâce à l’acquisition du terrain adjacent à celui de Don Bosco (propriété Garnier), on peut démarrer la construction d’un tout nouveau bâtiment destiné aux classes du lycée : une 1ère tranche est réalisée en 1985-86, une 2ème en 1987-88 (réalisation d’un CDI) et une 3ème en 1991-92 (nouvelles salles de classe et foyer). Pendant ce temps les installations destinées à la restauration des élèves (réfectoire, cuisines) s’avéraient de plus en plus exiguës et nécessitaient également de nouveaux locaux adaptés aux normes actuelles. Cela aboutit à la construction en 2000 d’un nouveau bâtiment particulièrement imposant, abritant le self, les cuisines ainsi qu’une grande étude et un CDI pour le collège. Toutes ces constructions, si elles ont bénéficié de subventions publiques, n’ont cependant pu être réalisées et supportées financièrement par l’association gestionnaire de l’établissement que grâce aux dons d’un important réseau de bienfaiteurs comprenant les parents (anciens et actuels), les anciens élèves et les amis de l’œuvre Don Bosco disséminés dans toute la région.
–> L’établissement en 2006
A la suite de toutes ces évolutions et transformations, l’Institut Don Bosco de Landser est devenu un établissement de taille importante mais qui a su garder son caractère familial et convivial. A la rentrée de septembre 2003 il comptait 777 élèves répartis entre une classe primaire (32 élèves de CM2 ou 7ème), 17 classes de collège (489 élèves) et 7 classes de lycée (256 élèves). L’ouverture d’une nouvelle classe de 6ème lors de cette rentrée se répercutera au niveau supérieur dans les prochaines années et permettra à terme d’arriver à 20 classes de collège. Au niveau du lycée, les 3 classes de 2nde générale aboutissent à 2 classes de 1ère et de Terminales (ES et S). Il faut noter que dans les classes de 1ère et Terminale S on compte désormais une section SI (Sciences de l’Ingénieur). Ces 777 élèves se répartissent maintenant à parts égales entre garçons et filles et la presque totalité (733 élèves) est demi-pensionnaire. 15 bus de la société Cars-Est assurent le transport de ces élèves qui viennent de toute la zone des 3 frontières, depuis les portes de Mulhouse (Riedisheim, Rixheim) jusqu’à la frontière suisse (Huningue, St-Louis, Hégenheim) et de Petit-Landau jusqu’à Folgensbourg et Obermorschwiller ; au total ce sont près de 50 communes qui sont desservies. La communauté éducative au service de ces jeunes compte plus de 80 personnes : il y a l’équipe pédagogique composée de 55 personnes (direction, enseignants, documentalistes, surveillants) et le personnel administratif et de service (15 personnes) auquel il faut rajouter le personnel de la société Avenance qui assure la restauration. La communauté salésienne présente sur place se compose actuellement de 9 membres : le P. Hartmann assure la présidence de l’association Œuvre Don Bosco, gestionnaire de l’établissement ; le P. Hildenbrand assure la fonction de supérieur de la communauté et s’occupe de la pastorale dans l’établissement ; les autres membres, retraités, assurent des services ponctuels dans l’école ou comme aumônier auprès des sœurs rédemptoristines voisines. L’association des parents d’élèves (l’APEL) actuellement présidée par Mme Litaize, participe activement à la vie de la maison : les parents sont représentés dans les instances officielles de l’établissement (conseil d’établissement, conseils de classe…) et certains parents assurent la fonction de correspondants de classe ou sont présents pour une aide au travail durant certaines études.
L’objectif de tous les membres de la communauté éducative est de donner à tous les jeunes une formation intellectuelle, humaine et spirituelle dans l’esprit de Don Bosco, basé sur la confiance faite aux jeunes et leur responsabilisation. Cela permet l’éclosion d’un climat favorable au travail scolaire mais aussi un climat de convivialité et de joie. La célébration de ce 75ème anniversaire de la présence salésienne à Landser constitue un moment fort et privilégié où cet esprit de fête cher à Don Bosco peut s’exprimer pleinement.